Essai Lexus RCF : le sport subtil

La création d’une marque n’est jamais évidente. Avant son lancement, et même pendant ses premières années, de nombreuses problématiques se posent pour faire connaître son nom et pérenniser son histoire pour les années qui suivent. Lexus a décidé de choisir l’approche du produit abouti pour conquérir rapidement le marché américain. Un choix judicieux quand on constate le succès rapide des premiers modèles et le carton du Lexus RX lors de son lancement (lire essai Lexus RX450h+). Au début des années 2000, Lexus frappe un nouveau coup avec l’adoption de l’hybridation en 2005 pour séduire l’Europe, mais la marque n’oublie pas ses origines et décide de faire parler d’elle à travers la réalisation de plusieurs sportives dont les Américains sont friands. L’histoire des « Flagship » (porte-drapeau en anglais), de Lexus commence par la sortie en 2008 de l’IS-F, la version survitaminée de la berline qui vient concurrencer, avec son V8 5.0, les ténors allemands sous le nom de RS4, M3 et C63 AMG. Cette première approche pose les jalons du département sportif qui porte la sixième lettre de l’alphabet, le F, désignant le célèbre circuit de Fuji où sont développés les modèles. En 2009 est présentée la pierre angulaire de ce programme qui apportera une grande notoriété à Lexus, la LFA. Une supercar limitée à 500 exemplaires qui fait rêver de nombreuses personnes à travers le monde avec son V10 4.8 litres de 560 ch à l’inertie quasiment inexistante et à la sonorité unique qui procure des frissons authentiques (lire anecdote Lexus LFA). Yamaha Motorsport est en partie à l’initiative de cette œuvre qui s’échange aujourd’hui à près de 1 million d’euros. Un nom s’est créé, une philosophie est née. Lexus présenta le troisième chapitre de cette histoire au salon de Détroit de 2014 pour fêter les 25 ans de sa présence en Amérique du Nord. La RCF marie la technique initiée par l’IS-F avec la ligne du RC issu du concept car LF-CC de 2012. Après avoir essayé la déclinaison hybride, plus commune, je vous présente grâce à Edenauto Lexus Toulouse, cette magnifique RCF de 2015 de moins de 22 000 km.

Un design expressif

La RCF est avant tout une « gueule » inimitable et reconnaissable entre toute. La ligne déjà très personnelle du RC (décrite lors de mon essai de la 300h), se distingue davantage avec l’accastillage sportif. Le pare-chocs avant s’aère, la calandre se pare d’un maillage spécifique en forme de F et le capot s’élève en se dotant d’une grande sortie d’air. Également, de nouvelles sorties d’air sont présentes sur les ailes avant pour fournir un meilleur refroidissement des freins (disques ventilés de 380 mm et étriers fixes 6 pistons (AV) – disques ventilés de 345 mm et étriers fixes 4 pistons (AR)). À l’arrière, la signature en L en 3D se voit soulignée par une quadruple sortie d’échappement superposés et un aileron se déployant dès 80 km/h pour améliorer l’appui aérodynamique. Les très belles jantes 19 pouces en aluminium forgé s’accordent parfaitement avec la teinte bleu saphir. Un design emblématique qu’on peut aimer, ou détester mais une chose est sûre, c’est que malgré les années, la RCF fait toujours tourner les têtes grâce à sa rareté. De nombreuses personnes m’ont interpellé sur l’origine du modèle. La RCF en impose sur la route avec ses dimensions généreuses, son regard aiguisé et sa calandre béante. Son style est parfaitement exécuté dans son thème. 

À l’intérieur, le constat est similaire avec une approche très personnelle de la marque. L’écran central de 7 pouces actionnable depuis le pavé tactile et les nombreuses commandes physiques accusent le poids de l’âge, mais elles ont au moins le mérite d’exister. La partie dédiée au pilote s’inspire de la LFA avec un compteur digital et un agréable volant en cuir perforé. Dans cette finition GT, la RCF adopte un toit ouvrant électrique ainsi que l’excellente Hi-Fi premium à 17 haut-parleurs Mark Levinson et la navigation. Les sièges avant ventilés et chauffants, sont très beaux et maintiennent bien une fois sa position trouvée grâce aux 8 réglages possibles. La sellerie en cuir Moon Stone égaye l’habitacle et les matériaux nobles s’invitent comme l’Alcantara (casquette du compteur) et le carbone avec les inserts. Les seuils de porte et le pédalier en aluminium finissent de peindre un tableau à la fois sportif et luxueux. Une philosophie qu’on retrouve rapidement au volant mais avant cela, un arrêt technique s’impose pour découvrir le cœur de la bête.

Les meilleurs motoristes sont à l’œuvre

Le V8 5.0 issu de la IS-F, tire le meilleur de ses performances grâce à un développement éprouvant sur le circuit du Nürburgring et un engagement à Pikes Peak. Cependant, le moteur a été revu en profondeur pour la RCF avec l’aide de Yamaha Motorsport comme pour la LFA. La culasse a été revue ainsi que les têtes des pistons et d’autres pièces mobiles. La levée variable des 32 soupapes se fait à l’admission avec l’électronique et à l’échappement mécaniquement. La bi-injection maison D4-S est de la partie avec un taux de compression de 12 :3. Des nouveautés qui bonifient la noblesse du moteur tout en ne cédant pas à la suralimentation, ni au downsizing. Des caractéristiques qui permettent à la RCF de cruiser sur le couple avec le feulement discret du V8 ou de faire fumer les pneus arrière en allant chercher les 477 ch à plus de 7100 tr/min et les 530 Nm de couple à plus de 4800 tr/min.

Un comportement routier fait de compromis

Encore une fois, la RCF se joue d’une double personnalité et sur la route le constat est frappant. Disposant de plusieurs modes de conduite (Eco – Normal – Sport – Sport+), la RCF se montre très docile voire trop calme dans les modes doux. La souplesse dans la direction et la suspension ainsi que le son timide du V8 ne nous laisse pas croire à une version sportive. Parfait pour le quotidien ou pour les longs trajets, sachant que pour une fois, deux adultes peuvent prendre place à l’arrière confortablement à condition de ne pas dépasser les 1m80. Le coffre de 366 litres est conséquent et permettra de charger tous les bagages ou des pneus de rechange, car dès que le sélecteur se positionne en Sport+, le diable se réveille et les esprits s’échauffent. Les vallons du Lauragais s’ouvrent devant moi et laissent s’exprimer la personnalité tant attendue d’une voiture de cette trempe. Le V8 vous prend par la poigne pour vous catapulter progressivement de plus en plus fort vers les 7300 tr/min de la zone rouge dans une sonorité stridente. Le V8 se met en éveil qu’à partir de 4000 tr/min, que ce soit pour sa sonorité, passant de presque rien à un grondement grave, ou bien pour sa force distribuée à haut régime. Les montées en régime sont addictives et la boîte qui peut paraître légèrement lente en mode normal se montre moins hésitante et plus brutale quand on l’actionne nous-même via les palettes. La boîte de vitesses automatique à 8 rapports d’origine Aisin a été retravaillée pour gagner plus de 100 ms au passage de rapport. Les passages à pleine charge claquent tandis que votre corps vibre quand le rétrogradage place l’aiguille du compte-tours au-dessus des 4000 tr/min. La masse conséquente de 1845 kg se fait largement oublier lors des accélérations, mais aussi dans les enchaînements de virage. C’est le point qui m’a le plus étonné. Je ne m’attendais pas à un tel ressenti avec une voiture de ce poids et dotée d’une suspension passive. Un choix rare de nos jours, mais qui montre l’excellente maîtrise des ingénieurs qui ont équipé la RCF de ce qui se fait de mieux pour les liaisons au sol avec une double triangulation à l’avant et du multi bras à l’arrière. La direction pas très informative n’est jamais excessivement consistante et dicte la voie à une voiture suffisamment agile pour prendre du plaisir. Le sous-virage est maîtrisé et la motricité est assurée – tout du moins sur le sec – grâce au différentiel électronique de notre version. La poupe est mobile et enroule facilement les virages grâce à son empattement court. Les adeptes de Gymkhana pourront déconnecter toutes les aides dans un mode Expert pour apprécier la bestialité du V8. À son volant, on a presque l’impression d’avoir des roues arrière directrices ! Une masse gommée qui refait surface lors de freinages assez forts. Les lois de la physique vous rappellent à l’ordre.

0
0 à 100 km/h (s)
0
Puissance (ch)
0
Couple (Nm)
0
Poids en marche (Kg)

V8 5.0 Atmosphérique

BVA 8

Propulsion

Les traditions respectées

La RCF est donc un produit typiquement japonais qui associe des traditions ancestrales perpétuées par les Takumi offrant une expérience sensorielle dans un écrin confortable. Il faut savoir que l’assemblage de l’habitacle de chaque RC est passé au peigne fin avec des microphones à haute sensibilité pour s’assurer qu’il ne perturbe pas l’expérience du conducteur. Des traditions ancestrales qui puisent leur source dans les samouraïs avides de puissance et de performance qui procurent à la RCF un très bon comportement routier et une expérience sportive à haut régime gratifiante. C’est l’association du Yin et du Yang qui permet à son pilote de traverser un pays entier dans le calme et le confort tout en réveillant ses sens quand la route se dégage et s’enroule dans un panorama idyllique. Malgré un design expressif, la RCF a un esprit de gentleman driver où la maîtrise de la performance passe par une discrétion certaine. Une voiture unique pour pilote éclectique.

Remerciements

Merci infiniment à Edenauto Lexus Toulouse pour la découverte de cette rareté. 

N’hésitez pas à les contacter si vous êtes intéressé :

Design 

Compromis dynamisme / confort 

Exclusivité 

V8 atmosphérique 

Poids

Boîte de vitesses 

Son moteur à bas régime

 

100%
Degré de plaisir de conduite

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