Apparus à la même période, le 7e art et l’automobile ont toujours eu des liens étroits. Personnifiée dans certaines intrigues ou véritable extension du personnage principal dans d’autres, la voiture a su faire sa place à l’écran. Vecteur de communication incommensurable, le cinéma fait rêver et a créé au fil de son histoire de véritables icônes automobiles. Les Aston Martin, auraient-elles la même aura sans leur passage dans James Bond ? La DeLorean DMC-12, ne serait-elle pas tombée dans l’oubli sans son rôle principal dans la trilogie Retour vers le Futur ? Des questions qui resteront sans réponses, mais s’il y a bien une voiture qui doit beaucoup au cinéma, c’est bien la Ford Mustang.
C’est la voiture de sport qui détient le record de présence dans les films, ce qui lui a permis d’avoir une visibilité dans le monde entier. Ironiquement, c’est dans le film Bullitt que la Mustang a réalisé l’une de ses meilleures prestations en ayant participé à la course-poursuite qui a dicté les codes pour toute une génération de film. Cette œuvre ne se présente plus tant elle est iconique, non seulement par sa réalisation et la participation de feu Steve McQueen, mais aussi par son histoire qui l’entoure. S’il est acquis que le cinéma est l’une des meilleures vitrines publicitaires, Ford en a fait les frais dans le film. La récente Mustang Fastback de 1968 devait fièrement apparaître à l’écran, mais à la suite d’une brouille entre McQueen et le constructeur, tous les sigles des deux Mustang utilisées furent retirés pour ne pas faire de pub à Ford. Avec du recul, c’est tout l’inverse qui s’est passé et aujourd’hui la marque en joue pour communiquer sur des versions spéciales.
2018 au Salon de Genève, Ford fait sensation en présentant la Mustang Bullitt édition, célébrant les 50 ans du film. La firme de Dearborn n’en est pas à son coup d’essai puisque les deux précédentes Mustang ont eu le droit à leur déclinaison Bullitt, en 2001 et en 2008 (pour les 40 ans du film). Comme sur ses devancières, la même recette est appliquée. Peinture Dark Highland Green (un noir est disponible), jantes American Racing, suppression de tous les logos Mustang et apparition du logo Bullitt. Associé au look néo rétro de la Mustang, je suis vraiment sous le charme. Cet accastillage donnant un peu plus d’exclusivité et même d’agressivité à l’avant.
À l’intérieur, l’ambiance ne dépayse pas par rapport aux versions standards, la différence se faisant dans les détails. Le logo, la plaque, le très beau pommeau de levier de vitesse rappelant la bakélite et les sièges reprenant le design de la Mustang 68 avec des surpiqûres rappelant la couleur extérieure. Dommage que l’interface des écrans (compteurs et central) ne soient pas personnalisés dans le thème Bullitt pour donner un peu plus d’exclusivité. Mais ce sont des détails, car une Mustang c’est avant tout une gueule et un moteur et quel moteur ! Le V8 5.0 Coyote qui équipe les versions GT. Un moteur noble à l’ancienne qui ne cède pas (encore) au downsizing et à l’électrification et qui m’avait émerveillé lors d’un précédent essai (lire aussi : Essai Ford Mustang : du plaisir à tous les étages).
Pour accroître sa différenciation, le V8 a été légèrement retravaillé avec un filtre à air inédit ainsi que le papillon et le collecteur d’admission en provenance de la sulfureuse Shelby GT350. Une reprogrammation de la cartographie est aussi de la partie, plaçant le régime de délivrance de puissance maximale à 7250 tr/mn contre 7000. Le tout permet de sortir 460 ch (480 ch sur d’autres marchés) ce qui ne fait que 10 ch supplémentaires, le couple restant inchangé. Sur le papier, les performances sont strictement identiques avec un 0 à 100 km/h effectué en 4.6s. Ce bloc fait toujours preuve d’une remarquable élasticité, appréciable pour les parcours urbains, mais aussi pour cruiser sans avoir à rétrograder. Car oui, la Mustang est une GT, la sportivité et la radicalité étant la chasse gardée des versions Shelby.
Néanmoins, cette génération, comme expliqué dans un précédent essai, adopte des codes européens avec une suspension pilotée MagneRide (+2000€), quatre roues indépendantes qui améliorent grandement son comportement et différents modes de conduites (Faible adhérence, Normal, Sport+, Circuit, Drag, My Mode). Chaussée de Michelin Pilot Sport 4S, elle n’est pas ridicule dans le sinueux et se révèle assez précise dans les modes dédiés. Les mouvements de caisse sont bien maîtrisés et les quatre disques sont endurant avec un bon feeling à l’attaque, mais le poids conséquent et le manque de ressenti de la direction se font ressentir sur des parcours très techniques. Elle préférera des courbes rapides aux petites routes sinueuses même si elle reste honorable. Dommage, car le V8 ne demande qu’à être sollicité avec une sonorité changeante au fil des tours et une hargne à l’approche de la zone rouge. Il est un poil plus pointu que la version standard, mais reste muselé par un étagement de boîte trop long.
Disponible qu’en boîte manuelle, la Bullitt est sublimée et s’ancre un peu plus dans la tradition. Si la boîte automatique 10 rapports disponible sur les autres versions est certes plus rapide, elle procure un agrément moindre. Les conclusions sur cette boîte mécanique sont les mêmes que lors de l’essai de la Mustang GT équipée d’une telle transmission. Les débattements sont courts et virils, le rev-matching automatique flatte les oreilles, mais la course de l’embrayage est longue, devenant fatigante en milieu urbain. Ce défaut est vite éclipsé par la sonorité du V8 qui gronde comme plus beaucoup de moteurs. Grave en bas, il passe à l’aigu en haut des tours et vous gratifie de glougloutement au lever de pied. Oubliez la discrétion, le boucan est similaire à une authentique Muscle car des années 60. Il reste tout de même discret à vitesse stabilisée permettant de voyager sans soucis dans un confort plus qu’honorable.
V8 5.0 Atmosphérique
BVM 6
Propulsion
Comment ne pas tomber de nouveau sous son charme, c’est le troisième modèle que j’essaye grâce à Ford Auto Services et je reste toujours convaincu de la justesse de la recette. Une gueule sympa, un moteur plein de ressources à la sonorité enivrante et un comportement qui s’est grandement amélioré. L’histoire et l’exclusivité de la version Bullitt finissent de parachever un tableau plus que réussi. Oui, elle est perfectible, mais pour 49 900€ (en version de base) vous en avez pour votre argent. Malheureusement, c’est du passé car le nouveau malus assassin change la donne, il reste plus qu’à dénicher un modèle déjà immatriculé comme cette sublime Bullitt.
Merci infiniment à Ford Auto Services pour le prêt et leur confiance.
N’hésitez pas à faire un tour sur leur site et leurs réseaux :
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