PORSCHE 911 2.4 E, UNE PORSCHE PRESQUE UNIQUE

Sportivité et élégance, deux choses que Porsche a su (presque toujours) conserver au cours de son histoire. Et le modèle dont je vais vous parler aujourd’hui en est l’image parfaite.

Une rencontre inattendue

Une rencontre comme celle-ci, aussi spontanée, il est rare d’en faire de nos jours. Et elles sont justement d’autant plus appréciables. C’est tout à fait par hasard que nous nous sommes rencontrés ou plutôt que nous avons été amenés à échanger. Après une discussion et quelques coups de fils, un shooting photo fut planifié.

Quelques jours plus tard, sous un ciel clément, c’est au volant de mon mini bolide rouge que je suis parti à sa rencontre ! On ne se connaissait ni d’Ève ni d’Adam pourtant le feeling est très vite passé, peut-être dû au personnage que j’ai eu en face, très sympathique et « décontracté ».

Nous avons échangé quelques minutes, et par la même occasion j’ai découvert une de ses passions : le modélisme. Sur ce bureau, parsemé de pinceaux encore imbibés de peinture, se trouvait cette petite auto, intégralement rouge, dont la reproduction s’en trouvait hautement fidèle à l’originale. Pour les plus aguerris d’entre vous, vous aurez sans doute reconnu celle dont je parle. Et il se pourrait bien justement qu’elle soit la miniature d’une de ses voitures. En effet, elle se trouve juste derrière une porte, au fond d’un garage, protégée par une housse, dans un état impeccable.

Sa passion pour l’automobile se prolonge jusque sur les murs. La déco gravite beaucoup autour de cet univers, entre les posters du Mans, un capot de 911 aux couleurs Gulf signé par ses amis. On retrouve évidement de nombreuses voitures de modélisme, et au coin du canapé on découvre même un Vespa.

En plus d’être parti à la rencontre du propriétaire, la raison de ma venue était la Porsche 911 2.4L E de 1972.

Une expérience inoubliable

À l’ouverture des portes, la lumière se glisse à l’intérieur du garage et vient progressivement enlacer sa magnifique robe « Aubergine » et ses nombreux éléments chromés. Cette teinte « Aubergine », si particulière, est sa couleur d’origine et figurait à l’époque au catalogue Porsche parmi 28 autres coloris. Elle n’a d’ailleurs jamais été repeinte.

Première mise de contact, rien ne se passe. À la deuxième étincelle elle se réveille enfin. Dès les premiers vrombissements, accentués par l’espace clos dans lequel elle se trouvait, le son m’a traversé au point d’en avoir la chair de poule.

Ça y est, elle est enfin à l’air libre ! Le moment juste avant de m’installer à l’intérieur c’était incroyable. Pourtant ce n’était pas la première fois que j’avais la chance de voir une Porsche ou d’en approcher une mais c’est sans doute l’ambiance, le feeling avec le propriétaire et toutes les étapes pour arriver jusqu’à elle qui ont rendu ce moment riche en « sensations ». Et puis il faut dire que lorsque l’on voit la configuration intérieure, ces sièges couleur « Camel » équipés de harnais EKTOR quatre points il y a de quoi être enthousiaste à l’idée de s’asseoir dedans.

Une fois bien harnaché, c’est parti pour un tour ! Après quelques minutes, l’accélérateur s’enfonce et la symphonie s’emballe ! Et je peux vous dire qu’avec l’échappement et le flat six derrière les oreilles on est flatté ! Quel son et quelles sensations !

Toc, toc ! Un compteur qui déconne ! Rien de grave docteur, ce n’est qu’un « caprice » du compteur, le charme des anciennes dirons-nous ! Dommage que ça ne soit pas le compteur de vitesse qui déconne à ce moment-là d’ailleurs..

Une Porsche photogénique

On y est, l’allemande est posée, prête à être mitraillée sous tous les angles par mon objectif qui n’a encore jamais vu les magnifiques courbes d’une Porsche classique à travers sa lentille.

Une fois immobilisée, plus on l’observe et plus on se rend compte à quel point il y a un nombre de détails impressionnants. Attisons d’abord notre regard sur l’extérieur. Qu’on se le dise, elle a une ligne à tomber par terre, soigneusement soulignée par toutes ses pièces chromées.

Il y a bien sur un détail qui m’interpelle immédiatement, que je trouve particulièrement raffiné sur les Porsches de ces années-là et qui font bien sur partie des éléments caractéristiques des 911 d’époque : les jantes Fuchs. C’est pourquoi nous allons marquer un temps d’arrêt dans notre récit et parler de leur histoire.

Les jantes Fuchs font leur apparition en 1967 sur la 911 S 2.0L. Les premières mesuraient 14 pouces de diamètre pour 4.5 pouces de large et pesaient seulement 5kg ! Elles évolueront au fil des années, avec notamment les Flat Fuchs, et verront leurs dimensions varier. Cette même année seront fabriquées pour la 911 R, modèle produit à seulement 22 exemplaires, des jantes en magnésium, les modèles d’origine étant en aluminium forgé.

Notre modèle, datant de 1972, est lui équipé de jantes de 15 pouces de diamètre et 6 pouces de large qui, à l’époque, étaient montées, en option, sur des pneus 185/65 (option « Confort » du catalogue d’époque).

Après cette parenthèse, tournons notre regard sur une autre pièce. En 1972, et seulement pour cette année, Porsche a équipé ses 911 d’une trappe à huile sur le flanc droit. Seulement, de nombreux pompistes à l’époque faisaient l’erreur lors du plein d’essence entre la trappe à huile et la trappe à essence, qui se trouve elle à l’avant gauche. Cette trappe a donc disparu l’année suivante en 1973. Un détail de plus qui rend cette génération de Porsche « unique ».

C’est aussi à partir de 1972 que la grille de ventilation, se trouvant à l’arrière, délaisse le chrome pour une grille noire. Le sigle 2.4 reste quant à lui chromé mais le sigle 911E devient noir tout comme l’inscription Porsche en bas du capot.

Design néo-rétro

Et il y a encore bien des détails à l’extérieur de cette Porsche (pièces chromées, etc…) mais il faudrait des pages entières pour les citer et surtout vous parler de leur histoire. Clôturons ce tour du propriétaire par l’intérieur qui a tout autant de choses à raconter.

Les puristes, et Dieu sait s’il y en a chez Porsche, remarqueront immédiatement que deux éléments ne sont pas d’origine : les harnais Ektor et le volant signé Nardi Torino. Mais vous en conviendrez qu’ils ne dénaturent aucunement l’intérieur, au contraire.

Croyez-moi que ces harnais sont fortement appréciables, personnellement j’adore. À chaque accélération vous êtes retenus fermement et vous avez l’impression de faire corps avec la voiture alors que vous n’êtes que passager alors imaginez les sensations que ça doit être derrière ce magnifique volant !

Une boîte manuelle, des harnais, le contact à gauche et le compte-tours au centre, on se croirait presque dans une Porsche des 24H du Mans ! Et qui dit Porsche dit bien évidement flat six !

La mécanique signée Porsche

C’est en 1972 que le 2.4L fait son apparition. On passe ainsi d’un bloc de 2195 cm3 de cylindrée pour le 2.2L à un bloc de 2341 cm3. Pour ce faire des modifications ont été apportées à l’ancien bloc notamment au niveau du vilebrequin et des bielles. La puissance délivrée sur la version E du 2.4L s’élève à 165 ch à 6200 tr/min avec un couple de 206 Nm à 4200 tr/min.

Sur notre modèle, qui est un modèle à injection mécanique, le bloc moteur associé à la boîte mécanique prend l’appellation 911/52. Quant à ceux qui étaient couplés à la boîte Sportomatic (boîte automatique) prenaient l’appellation 911/62.

Et justement cette boîte est un peu particulière. Sur notre modèle 2.4, comme pour les modèles 2.0 et 2.2L,  on retrouve une boîte à 5 vitesses qui était proposée en option.

Initialement, les modèles allant du 2.0 au 2.4L étaient proposés avec une boîte à 4 vitesses de série mais l’importateur français Porsche de l’époque, Sonauto, les commandait très souvent avec la boîte à 5 vitesses, ce qui peut donner l’impression aujourd’hui sur ces modèles (2.0, 2.2, 2.4) que c’était finalement la boîte 4 en option.

Cette boîte à 5 vitesses a aussi la réputation d’être très fiable, et pour cause. Comme de nombreux constructeurs de prestige Porsche, a toujours privilégié le sport automobile pour développer des innovations présentes par la suite sur les modèles de série.

La transmission de la boîte avait été conçue initialement pour résister au 330 Nm de couple du prototype de la Porsche 908. Elle fut ensuite adaptée directement sur la Porsche 2.4L ce qui ne posa aucun problème puisque le couple maximal sur la 2.4L S ne grimpait pas au-delà de 216 Nm.

Pour clôturer notre récit parlons chiffres ou plutôt d’exemplaires. Cette Porsche 911 2.4 E de 1972 fut produite à seulement 1124 exemplaires dans le monde hors USA (puisqu’elle n’y fut pas importée). Si vous enlevez les modèles qui ont eu des accidents, ceux qui ne sont plus d’origine, etc… Nous pouvons nous considérer extrêmement chanceux d’avoir pu immortaliser ce modèle et également pu faire un tour à son bord. C’est pourquoi (et là promis c’est fini) nous remercions encore chaleureusement son propriétaire pour son accessibilité et sa générosité à notre égard.

À une prochaine peut être…

Bielle & Piston,

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