ESSAI ALFA ROMEO 147 GTA : FORZA ITALIA

Il existe parmi les moteurs, des légendes qui ont traversé des décennies et qui disposent d’une aura incroyable. Aujourd’hui, la légende de notre article porte le nom de V6 Busso. Alors oui on peut se demander si sa célébrité provient de son concepteur, Giuseppe Busso motoriste de génie, ou si sa célébrité provient plutôt de ses qualités propres. Au même titre, La Joconde est elle célèbre parce qu’elle a été créée par Léonard de Vinci ou est-elle célèbre de son propre fait ? Je sens que je vous perds, mais la réponse doit être entre les deux.

La légende d'Arese

Ce V6 né en 1979 a connu de nombreuses évolutions passant de 2,5 litres à 3,2 litres de cylindrée pour sa dernière itération, dont le dernier exemplaire est sorti des chaînes de production le 31 décembre 2005, soit 3 jours avant la mort de son concepteur. Pour sa dernière représentation, le constructeur du Biscione a ressorti une appellation mythique, GTA (Gran Turismo Alleggerita) qui a été apposée sur les 147 et 156.

Aujourd’hui, nous avons eu la chance de prendre le volant de la 147. Au début des années 2000, les compactes survitaminées ont toutes leurs caractéristiques propres : VW Golf R32, Ford Focus RS, Audi S3… Chacune propose ses spécificités et à l’heure de l’uniformisation, on ne peut qu’être nostalgique de cette époque. Parmi ce choix, l’Alfa se distingue par sa motorisation V6 poussée à 250ch et 300 Nm de couple. Ce moteur placé en position transversale délivre, normalement, la totalité de sa puissance aux roues avant le tout sans différentiel. Je vous laisse imaginer les batailles avec le volant en pleine charge mais notre 147 du jour a été équipée du différentiel mécanique Q2.

Une double personnalité

Sur la route, le Q2 fait des merveilles en permettant d’accélérer plus tôt en sortie de courbe. En revanche les remontées de couple ne sont pas totalement gommées, notamment si vous poussez les premiers rapports.

Tant qu’à rester dans le thème « légendaire » nous avons emmené la GTA se dégourdir les gommes sur l’ancien tracé du circuit de Cadours en Haute-Garonne. Terrain parfait pour exploiter pleinement l’Alfa avec une diversité de portion. Au fil des tours, l’auto présente une philosophie un peu ambiguë. La voiture est résolument sportive grâce à son moteur – j’y reviendrai après – mais ses réglages de suspension sont assez souples pour en faire une sportive ultra efficace. Si on garde en tête que la voiture de base n’a pas de différentiel, l’ambiguïté est d’autant plus vérifiée. N’allez pas croire que la voiture ne sait pas avaler des virages, nous avons quand même affaire à une Alfa Roméo qui a une réputation à tenir. Le comportement est équilibré mais sur le revêtement dégradé de l’ex-circuit, les mouvements de caisses sont nombreux. La voiture a tendance à rebondir et peut vous faire sortir de la trajectoire si vous êtes trop gourmand. Mais ce qui est un défaut pour l’efficacité pure est un avantage pour le plaisir de conduite. Ces réglages permettent d’avoir une auto vivante qui communique beaucoup. Sa direction aussi a une double personnalité, à la fois très précise mais aussi très légère, ce qui peut dérouter lorsque le rythme s’accentue.

Un moteur qui n'usurpe pas son pedigree

Et le rythme s’accentue très rapidement quand on a un tel chef-d’œuvre sous le capot. Ce V6 est très vigoureux et délivre une belle force dès qu’on commence à dépasser les 3000 tr/mn. La grosse cylindrée permet de rouler très souplement à basse vitesse tout en devenant hargneux et sauvage haut dans les tours. Et que dire du timbre de voix de ce Busso. Une véritable partition de musique qui joue des notes différentes, passant d’une certaine gravité en bas des tours à un feulement strident haut dans les tours. Le moteur respire la noblesse par sa poigne et son chant dépourvu d’artifice.

Soupçon de Ferrari

Dans le même sens que l’adoption du différentiel Q2, le propriétaire a choisi d’opter pour un modèle pourvu de la boîte robotisée Selespeed. Roulant sur circuit assez souvent, son détenteur, a cherché à avoir la version la plus efficace. Quand on sait que la boîte Selespeed est dérivée étroitement de la boîte robotisée F1 de chez Ferrari, on comprend son choix. On comprend encore plus, quand on sait que la F355, première Ferrari dotée de cette boîte F1, a réalisé un meilleur temps au tour sur le circuit de Fiorano que son homologue à boîte mécanique. Enfin, quand les ingénieurs de la mise au point de la boîte Selespeed vous disent que c’est la seule solution pour exploiter pleinement les performances de la 147 GTA, on n’a plus de doute. Néanmoins, n’étant pas un fervent adepte du circuit, je ne recherche pas l’efficacité à 100%. Donc une bonne vieille boîte manuelle m’amusera toujours plus surtout face à ces boîtes robotisées. Car même si elles s’avèrent plus rapides, l’agrément n’est pas ce qui se fait de meilleur. Entre l’impression de latence et les à-coups générés à pleine charge, on n’en garde pas un souvenir mémorable. Néanmoins, en mode automatique (City), la boîte est assez intelligente et anticipe assez bien les situations.

Puisqu’il est question d’efficacité, il est primordial de parler des freins. J’ai trouvé qu’ils manquaient un peu de mordant à l’attaque et qu’ils avaient tendance à vite chauffer en usage intensif malgré les disques de 330 mm à l’avant.

Bella macchina

Oublions toutes ces considérations techniques pour jeter un œil à sa carrosserie. Une italienne se doit d’être belle et sensuelle. La 147 ne déroge pas à cette règle tant le coup de crayon est juste. Le design signé Walter de Silva a été sublimé avec cette version sport. Ailes élargies, pare-chocs plus prononcés, grandes jantes et double sortie d’échappement font que cette voiture n’a pas vieilli. Elle reste toujours désirable et je trouve qu’elle a moins subi les affres du temps que ses concurrentes. C’est un véritable coup de cœur.

En revanche à l’intérieur je ne peux pas en dire autant. La position de conduite est excellente, la finition et la qualité globale sont plutôt bonnes en rapport à l’époque mais le design de la partie centrale n’a jamais été ma tasse de thé avec ces aérateurs pas très esthétiques. En revanche mention spéciale pour les compteurs néo-rétro s’inspirant des mythiques « obus » présents sur les coupés Bertone. À bord vous prendrez place sur de très confortables sièges en cuir bi-ton noir / Imola au design subtilement vintage mais qui manquent un peu de maintien. Enfin, malgré son âge la 147 reste à la page avec des équipements modernes pour l’époque : régulateur de vitesse ; clim bi-zone ; navigation par écran tactile et système Hi-Fi Bose.

Pour bien terminer cette journée riche en « emissioni » un deuxième exemplaire nous a rejoint pour le plaisir des yeux et des oreilles. En voyant les deux modèles côte à côte je ne peux que conclure que la 147 GTA est définitivement une voiture attachante qui séduit par sa ligne intemporelle, son V6 Busso caractériel et son comportement vivant. Son plus gros défaut restera peut-être son appétit pour le SP98. Voiture sacralisée par les mordus d’Alfa Roméo, comme Pierre-Henry, je conseille à quiconque qui souhaite acheter une compacte exotique du début du millénaire, de la prendre en considération. Si vous avez le bonheur de trouver un modèle d’origine en boîte mécanique, foncez-y, la cote ne pourra qu’augmenter, tout du moins celle d’amour…

Merci à Pierre-Henry Gayraud pour sa confiance, ses précieux conseils et le partage sur les marques italiennes dont il dédie cette passion à son fils Antoine.

Vous pouvez jetez un œil à la page Facebook de l’Alfa Club Toulouse dont Pierre-Henry en fait partie :

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