Essai Audi S4 B6 : un cœur noble

« La sincérité est de verre ; la discrétion est de diamant ». Cette citation de l’écrivain André Maurois s’applique parfaitement au contexte actuel hostile aux possesseurs de voiture de sport qui sont visés par les dégradations et l’écologie punitive. Comment exercer sa passion sans attirer les foudres des gens ? Il faut opter pour la discrétion, un modèle qui semble banal pour le commun des automobilistes mais qui cache sous sa carrosserie l’emblème de la passion. L’Audi S4 que nous vous proposons à l’essai aujourd’hui s’inscrit dans ce registre.

Sportivité discrète

Puisque nous y sommes commençons par faire le tour du propriétaire ou plutôt le tour de l’Audi S4 génération B6 de 2003. Nous avons la chance d’avoir un très bel exemplaire bien entretenu qui présente sous cette robe grise, une sportivité subtile. Au premier coup d’œil on pourrait penser à une berline normale, mais les fins connaisseurs que nous sommes arrivent toujours à distinguer un modèle « commun » d’un modèle sportif. Ici, mise à part le logo S4, ce qui nous met la puce à l’oreille ce sont : les voies avant et arrière élargies, la double sortie d’échappement, les bas de caisse, le becquet et la calandre plus grillagée. Je vous avais bien dit, discret ! Ajoutons que la voiture n’est pas équipée des jantes d’origine mais de jantes issues de la génération B7 qui lui donnent le coup de jeune qu’il fallait. On est encore à l’époque où le design n’était pas exagéré et poussé à l’agressivité, ici c’est du sport sobre. Traditionnellement, je trouve que les Audi de ces années ont assez mal vieilli par rapport aux concurrentes bavaroises mais ici, le modèle me fait un tout autre effet même s’il faut admettre que les optiques ne sont pas de toute jeunesse

Un bon cru

Cette analyse s’applique aussi à l’intérieur qui se révèle sportif et sobre. Le sport se manifeste, par les compteurs gradués à 7000 tr/mn pour la zone rouge et 280 km/h, les seuils de porte en alu ainsi que le pack carbone qui permet de retrouver ce matériau sur les portes et la console centrale. Notons aussi une sellerie mariant cuir et Alcantara dans une couleur assez originale ! La sobriété est bien présente de par le classicisme des intérieurs Audi et de la qualité de finition. Preuve en est, l’intérieur a très bien vieilli après 16 ans de service même si l’usure propre à l’Alcantara est présente. Malgré tout, les affres du temps se font sentir notamment, au niveau de l’interface homme-machine avec ce petit écran qui se fait ridiculiser par n’importe quel écran d’une tablette bas de gamme. Mais, le débat n’est pas là, nous sommes sur un site de passionnés et ce qui nous réunit ce sont les belles mécaniques.

C’est là que la S4 expose son plus bel atout. Exit le V6 des anciennes déclinaisons sport, le capot abrite un V8 4,2 atmosphérique de 344 ch joliment présenté ! Et oui on ne connaissait pas encore le downisizing même, c’était plutôt l’inverse puisque ce segment se dotait de moteurs de plus en plus gros comme sur celui supérieur (segment E) qui a vu naître des fabuleux V10. Et comme les bonnes choses n’arrivent jamais seules, notre modèle dispose d’une boîte mécanique à six rapports ! Et cette boîte apporte son petit supplément.

Efficacité

Au chapitre du comportement, la marque reste fidèle à elle-même, système Quattro (4 roues motrices) qui permet de faire passer la puissance par tout temps. Effectivement aucune arrière-pensée à avoir quand vous écrasez la pédale de droite ! Enfin peut être une, la perte de votre permis… Eh oui, le V8 pousse et vous amène très rapidement à des vitesses illégales sur départementales : la seconde peut être tirée jusqu’à 110 km/h ! Au-delà de ces considérations, nous avons vraiment affaire à un moteur noble qui se révèle bien coupleux grâce à sa cylindrée (4,2L) et qui permet une conduite de bon père de famille sans avoir à rétrograder en permanence. Et puis quoi de mieux qu’un atmo ? Certes il faut aller chercher la puissance dans les tours mais quelle expérience au delà des 4000 tr/mn. En écoutant le propriétaire je me suis mis en seconde, à vitesse stabilisée aux alentours des 4000 tr/mn, et j’ai écrasé l’accélérateur ce qui m’a littéralement collé au siège. Le moteur est bien plus brut et donne plus d’émotions au-delà de cette limite fatidique. Jouez à cela, vous rendra éligible au programme de fidélité de la station-service du coin.

Et la voix dans tout ça ? La voiture est équipée d’une demi-ligne Supersprint qui délivre une sonorité agréable et sobre. Ici, pas de clapets ou autres échappements qui pétaradent, une musique à l’ancienne glougloutante qui reste discrète. J’avoue que j’aurais aimé un peu plus de son mais en l’état, cela correspond bien à la philosophie de la voiture, une GT parfaite pour une utilisation quotidienne. Pourquoi ? Outre l’espace à bord qu’offre une berline, la sécurité permise par les 4RM, la voiture se révèle assez confortable. Les routes du quotidien, parsemées de nid-de-poule ou encore de ralentisseur sont avalées sans soucis grâce à une bonne garde au sol et à un savant mariage entre suspensions fermes mais pas cassantes et des sièges confortables au bon maintien signés Recaro. Autre argument qui en fait un bon daily c’est la sono Bose qui ravira les mélomanes.

Effet quattro

Au chapitre des déceptions, il y a la direction lourde et qui remonte peu d’informations même si elle se révèle assez directe. Mais comme toujours on est bien chez Audi avec un comportement sous-vireur inhérent à ces transmissions intégrales typées traction. Lors d’un virage formant un S et en dévers, j’ai bien senti la voiture tirer vers l’extérieur. À noter que le roulis est bien maîtrisé. Ce type de comportement c’est une affaire de goûts, certains préfèrent des voitures posées sur des rails d’autres préfèrent l’agilité et je ne vous cache pas que je suis plutôt du deuxième camp… Mais passons, car le tableau est égayé par la formidable boîte manuelle au maniement direct et dont les rapports se verrouillent sans accrocs, chose particulièrement appréciable vue son âge. Il faut juste jouer avec un embrayage qui n’est pas dur mais dont la course est un poil longue.

Pour conclure, la citation qui a introduit cet essai le clôturera aussi. Une berline discrète et subtilement sportive, en somme un parfait daily !

Merci à son propriétaire de m’avoir fait confiance pour l’essai !

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