Une voiture ancienne, c’est avant tout un coup cœur, une histoire. On peut l’aimer pour sa ligne, ses odeurs ou encore, ses prouesses technologiques ou sportives qui ont marqué une époque donnée, mais on sait tous que l’histoire d’une voiture peut l’emporter sur tout le reste. Des souvenirs d’enfance, un historique particulier ou encore un modèle ayant appartenu à la famille sont d’autant de facteurs qui nous conduisent à garder, à rechercher, à choyer une voiture que l’on n’aurait pas forcément collectionné. Cette rubrique est donc là pour vous conter les histoires d’hommes et de femmes à travers leur voiture ancienne.
Pour cette première, nous avions donné RDV à Pierre-Laurent et sa superbe Cox, profitant des belles couleurs automnales en novembre dernier.
Au milieu des années 1960, la fameuse Volkswagen Coccinelle approche déjà de la trentaine. Et oui, le sympathique petit scarabée a été dévoilé en mai 1938. La seconde Guerre Mondiale l’a cependant contraint à décaler sa carrière commerciale de quelques années étant donné que la production en série de la Volkswagen Type 1 n’a réellement débuté qu’en août 1945. Les choses s’accélèrent fortement à partir de mars 1949 au lancement de la version exportation qui commence à séduire un large public en Belgique, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, dans les pays scandinaves, aux États-Unis mais aussi en Afrique du Sud, en Australie, au Brésil et au Mexique. C’est le début d’un succès mondial pour cette voiture compacte à deux portes qui se distingue par sa robustesse, sa simplicité et son coût réduit.
Évoluant par petites touches chaque année, le millésime 1966 est marqué par l’arrivée de la version 1300 dotée d’un moteur 1,3 litre de 40 ch qui s’ajoute à la 1200 dont le moteur 1,2 litre délivre 34 ch. Fondamentalement il s’agit de la même mécanique, l’accroissement de cylindrée ayant été obtenu par un allongement de la course des pistons de 64 à 69 mm. Le surcroît de puissance dû à l’augmentation de la cylindrée permet une amélioration notable des performances. La vitesse maximale passe de 115 à 120 km/h tandis que le 0 à 100 km/h est abattu en 26 s au lieu de 37 s. Mais ceci se fait au détriment de la consommation qui bondit de 7,5 à 8,5 l/100 km en moyenne. En août 1966, la Volkswagen Coccinelle 1300 remplace même complètement la 1200. Cette dernière réapparaît pourtant dès janvier 1967 en raison de son caractère plus économique. L’année 1966 voit également apparaître la « Super » Coccinelle avec le lancement de la version 1500 au mois d’août. Après avoir augmenté la course du moteur pour obtenir une cylindrée de 1,3 litres, Volkswagen élargit l’alésage de 77 à 83 mm pour lui permettre de cuber 1,5 litre. La vitesse maximale atteint désormais 125 km/h et la barre des 100 km/h est atteinte en 23 s pour une consommation moyenne de 8,8 l/100 km. Les nouvelles 1300 et 1500 sont aussi disponibles en cabriolet Karmann – 30 % plus cher que la berline. Les clients les plus modestes peuvent toujours choisir un simple toit ouvrant métallique pour un supplément de 5 % du prix de la voiture.
Pour Pierre-Laurent, l’automobile c’est sa vie, même s’il exerce un métier totalement différent, regret à peine murmuré quand on discute avec le bonhomme. Il assouvit sa passion autrement, au volant de ses anciennes telles que la 2CV, Mini mk1, Yamaha 500 XT et bien sûr la Cox objet de notre rencontre. Originaire des Landes, “Pierlot” a baigné dans la culture du surf dès son plus jeune âge, culture largement associée à la marque VW, synonyme de liberté et de sport de glisse entre copains dès les années 60.
Un attrait pour l’automobile, qu’il faut aller chercher du côté de son grand-père maternel, concessionnaire Porsche, VW, Audi/NSU dans les Landes dès 1959. L’histoire de cette charmante Coccinelle a pour point de départ, cette concession.
Tout commença une journée d’avril 1966, une journée banale pour un garage avec son lot de clients venus entretenir leur voiture. Ce jour-là, c’est aussi jour de livraison pour un modèle qui cartonne dans le monde entier, une Coccinelle. Un modèle de transition qui se dote déjà de pièces du millésime 1967, comme les poignées de porte. L’acquéreur est une personne du coin qui viendra régulièrement faire son entretien à la concession jusque dans les années 1970. À cette époque, tristement marquée par le décès du grand-père, le commerce est repris par la tante de Pierre-Laurent. La voiture est alors reprise par la concession et la tante nouvellement patronne de l’établissement décide de l’offrir à la grand-mère (de Pierlo… vous suivez toujours?).
C’est à partir de ce moment-là que le jeune Pierre-Laurent matérialise ses premiers souvenirs. Il se souvient encore, des parties endiablées de cache-cache avec ses frères dans le coffre de la Cox. Ou encore de la couverture que mettait sa grand-mère, chaque soir, sur l’arrière de la voiture pour protéger le moteur… Il nous précise avec émotion, en regardant la belle, que l’arrière de la voiture dépassait de l’abri où était stationnée la voiture.
De ses multitudes anecdotes, il y en a pourtant une qui se démarque en étant le point d’orgue de cette histoire. Il se souvient, comme si c’était hier, de lui vers 10 ans, assis à côté de sa grand-mère conduisant la Coccinelle, tout simplement. Pendant un instant nous voyons cet enfant, là, avec nous.
Des souvenirs mémorables qui changeront définitivement son regard sur cette voiture et sur l’automobile populaire. C’est à la fin des années 90 qu’il finit par la récupérer en héritage de sa grand-mère.
Cette Cox, qui n’a finalement jamais raccroché, a survécu à toutes ces décennies sans incidents majeurs. Quelques travaux ont été nécessaires pour la garder d’aplomb (volant, marchepieds, passage de roue), mais la richesse de cette histoire réside dans le fait qu’elle soit toujours dans sa peinture d’origine après plus de de 50 ans de service…
Une véritable Madeleine de Proust pour Pierre-Laurent, qui souhaite la garder intacte, figée dans le temps, comme en hommage à sa grand-mère. La vignette 96 sur le tableau de bord, le sticker de l’assureur VSA qui n’existe plus ou encore le logo du garage de son grand-père sont autant d’attaches aux souvenirs d’une vie automobile… Les plaques d’immatriculation frappées du 40 du département des Landes qu’il s’est résolu à remplacer très récemment, l’administration le pressant de procéder à la mise à jour de la carte grise à son nom.
Pour autant, pas question de parler d’une passion égoïste, Pierre-Laurent la fait vivre et la partage lors de rassemblements et en participant à des sorties pour créer de nouveaux souvenirs, avec Céline et ses trois fils. Thibault, le benjamin, était d’ailleurs parmi nous lors de cette rencontre, tout sourire au volant de la belle grenouille stationnée dans les ruelles de Fourquevaux, charmant petit village du Lauragais.
L’objectif ultime de notre invité, trouver deux autres exemplaires de 66 pour les transmettre à ses trois flèches ! Fou ? Non, passionné.
Et comme si la fabrique à souvenirs n’était pas prête de s’arrêter, cette belle après-midi de novembre s’est terminée, disons de manière inattendue. Nous ne vous en dirons pas plus… Si vous connaissez Pierlo, demandez-lui de vous la conter la prochaine fois que vous la croiserez.
Pierre-Laurent rêve de racheter une Citroën 5HP (trèfle), que ses grands-parents avaient offert à son papa pour son Bac. Si pendant de nombreuses années, il en avait gardé la trace, aujourd’hui, il ne sait pas où elle est, à son plus grand regret… Ah oui, on ne vous l’a pas dit ? Son arrière grand-père paternel était quant à lui concessionnaire Citroën à Saint-Paul-Lès-Dax… dès 1924, dont voici des images.
La passion de l’automobile est encore plus passionnante avec de telles histoires !
Rendez-vous au prochain épisode pour une anglaise à l’histoire rocambolesque.
Un article réalisé en collaboration avec Cars & Patelins et Auto Forever (par la partie historique). N’hésitez pas à suivre leurs réseaux sociaux :
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